Caroline Lesguillons
Un espace où l’on parle de recettes, certes, mais aussi de reconstruction, de solitude, de joie retrouvée.
Elle ne s’est jamais présentée comme cheffe, ni comme photographe, ni même comme influenceuse.
Elle est juste Caroline, 28 ans, une jeune femme passionnée de cuisine, amoureuse des mots, des textures, des assiettes qui réconcilient.
Quand elle parle de son parcours, elle le fait avec pudeur mais sans détour : pendant dix ans, la nourriture l’a terrifiée.
Et aujourd’hui, ce sont les pois chiches, le pain au levain et le houmous maison qui l’aident à tenir debout.
Sa cuisine est devenue son refuge, son langage, son socle.
Un territoire reconquis, pas à pas, pour se réapproprier son corps et réapprendre à vivre.
C’est à son retour des États-Unis, après avoir interrompu des études de cinéma et de théâtre, que Caroline commence à poster ses premières photos de recettes.
Elle ne sait pas encore que ce geste va tout changer.
Ce qui n’était qu’un passe-temps, presque un prétexte pour meubler ses journées redevenues silencieuses, va devenir un métier, une passion, une thérapie.
Des images, des plats, une renaissance
Avec l’appareil photo de son père, elle apprend à jouer avec la lumière, à composer une scène, à transformer une assiette du quotidien en tableau doux.
Elle se forme seule, à l’instinct, en s’inspirant de ce qu’elle voit, de ce qu’elle aime, de ce qu’elle ressent.
Et très vite, les marques la remarquent. Bonne Maman sera la première à lui faire confiance.
S’en suivront des collaborations nombreuses, deux livres de recettes, des voyages, une entreprise à son nom, et une communauté fidèle qui l’accompagne depuis ses tout débuts.
Mais ce qui frappe, chez Caroline, ce n’est pas l’ascension fulgurante ni les chiffres d’abonnés.
C’est sa manière d’être là sans s’imposer, de partager sans se mettre en scène, de créer sans jamais trahir ce qu’elle est.
Elle ne surjoue rien. Elle laisse simplement ses recettes parler pour elle, avec sincérité et douceur.
Saint-Malo comme évidence
Un jour, elle a quitté l’Oise et a tout recommencé à Saint-Malo.
La mer, le vent, les petits marchés, les couleurs calmes, les maisons bretonnes : tout l’appelait.
Elle y est venue par amour, et elle y est restée par choix.
Elle raconte ce déménagement comme un basculement intérieur : l’envie d’un ailleurs plus doux, d’un quotidien aligné, d’une nouvelle vie qui ne porterait plus les stigmates de la précédente.
Son appartement, elle l’a trouvé en une visite.
Son quartier, elle l’a adopté sans effort.
Et à chaque passage chez Roellinger, son épicier fétiche, elle repart avec un pot de curry et un sourire aux lèvres.
Elle n’a pas besoin d’en dire plus : ici, elle se sent à sa place.
Une cuisine vivante, honnête, spontanée
Chez elle, on retrouve toujours les mêmes essentiels : du pain, des œufs, des pois chiches, des épices.
Pas besoin d’en faire trop. Pas besoin de chercher loin.
Caroline cuisine comme elle respire, au feeling, à l’humeur du jour, à ce que le marché lui inspire.
Elle aime les recettes simples mais justes, les saveurs franches, les textures qui réconfortent. Elle compose avec ce qu’elle a, avec ce qu’elle aime, avec ce qui lui ressemble.
Et dans ses assiettes, comme dans ses mots, on sent la volonté de vivre mieux, pas plus.
De ralentir. De savourer. De prendre le temps.
Ce qu’elle partage
Aujourd’hui, elle continue de poster, mais avec plus de distance.
Elle a appris à se préserver, à ne pas tout exposer, à choisir ce qu’elle donne.
Elle sait que les réseaux peuvent parfois blesser autant qu’ils valorisent, mais elle refuse de quitter l’espace qu’elle s’est créé. Parce qu’il y a des femmes qui la suivent depuis toujours.
Des messages reçus, souvent bouleversants.
Des jeunes filles qui traversent ce qu’elle a traversé, et à qui elle veut dire : tu peux t’en sortir, je suis la preuve que c’est possible.
Son compte est devenu un lieu d’échange, de confidence, de réconfort.
Un espace où l’on parle de recettes, certes, mais aussi de reconstruction, de solitude, de joie retrouvée.
Elle ne joue pas un rôle. Elle est, tout simplement.
Et demain ?
Caroline n’a pas de plan de carrière, pas de calendrier marketing, pas de feuille de route.
Elle écrit, parfois. Elle pense à un troisième livre. Pas un livre de recettes.
Un livre sur son histoire. Sur ces dix années de lutte silencieuse.
Un témoignage sincère pour toutes celles qui cherchent encore la sortie.
Peut-être qu’elle l’écrira un jour.
Peut-être pas.
Mais ce qui est certain, c’est qu’elle continuera à vivre en douceur, à cuisiner avec cœur, et à partager un bout de ce qu’elle est — sans filtre, sans artifice, et toujours avec beaucoup de soin.
Suivez Caroline sur @carolinelesguillons