Matine Pasquier

Elle ne se présente pas en citant son métier. Elle dit juste : « Je suis libre. »

Libre de ses choix, de ses fleurs, de ses détours de vie. Libre de ne pas entrer dans les cases. Et pourtant, elle a su en faire éclore mille. Styliste, décoratrice, chroniqueuse télé, scénographe… puis, enfin, fleuriste. À sa manière. Vivante, intuitive, profondément humaine.

Matine, créatrice d’Un brin à l’Ouest, a mis du temps avant de faire des fleurs son terrain de jeu principal. Et pourtant, elles étaient là, en filigrane, dès l’enfance. Dans les colliers de lilas qu’elle fabriquait dans le bac à sable. Dans les bouquets de primevères qu’elle composait à vélo. Et dans sa manière, déjà, de repeindre ses chaussures d’ado en fuchsia. Tout était là : le geste, l’élan, la couleur.

Mais avant de revenir aux fleurs, il y a eu tout un chemin.

Styliste déco à Toulouse, visual merchandiser avant que le mot ne soit à la mode, elle décore des vitrines, imagine des ambiances, forme des restaurateurs au beau, scénographie des événements pour Dior ou encore L’Oréal. Elle enchaîne les missions, les lieux, les idées. Toujours animée par un goût du beau, mais surtout d’un beau qui a du sens.

Un jour, elle croise une équipe de tournage sur le salon Maison & Objet. Elle entre dans le champ, improvise un pitch. Trois mois plus tard, elle est chroniqueuse déco sur France 3. Le culot tranquille. L’élan franc. Elle écrit, elle présente, elle inspire. Et puis elle s’en va, parce qu’elle préfère le terrain à la caméra. Elle choisit de retourner à ses fleurs.

Et puis… la vie bascule. Sa fille tombe malade. Une pause imposée. Et un grand silence.

Pendant cinq ans, elle range son activité. Jusqu’au jour où, confinée comme tout le monde, elle entend à la radio que les fleuristes peuvent reprendre. Elle décide : « Je suis fleuriste. » Le lendemain, elle est sur la terrasse d’un resto, remorque chargée de pivoines. Et tout recommence.

Mais pas comme avant.

Cueillir, pas commander. Composer, pas copier.

Elle adhère au Collectif de la Fleur Française, glane ses végétaux elle-même, tisse des liens avec les producteurs, cultive un petit carré près de chez elle. Elle parle d’agriculture locale, de bouquets responsables, de saisons, d’éthique. Et surtout, elle fait passer un message avec ses fleurs.

Son atelier n’est pas une boutique : c’est sa maison. Elle y vit, elle y crée, elle y reçoit.

© @meaphotography

Elle ne fait pas de production de masse, mais compose sur-mesure, à l’instinct, souvent avec carte blanche.
Elle livre à vélo, dans une remorque fleurie, sur la Côte d’Émeraude.
Elle imagine des scénographies florales pour des maisons de collection, des dîners, des mariages soigneusement choisis (un par mois, pas plus).
Elle forme aussi, à sa manière, d’autres fleuristes, dans toute la France.

Et puis il y a les petits gestes. Les bouquets qu’elle offre aux EHPAD. Les fleurs qu’elle apporte aux entreprises pour leurs équipes. Les conversations qui renaissent, les souvenirs qui resurgissent, les sourires qui s’invitent.

Son rêve ? Fleurir l’Opéra de Paris.
Son luxe ? L’instant. La liberté. Le silence qui précède un bouquet.

Elle le dit sans détour : « Je vis aujourd’hui. Je ne me projette pas à dix ans. Je ne peux pas. »
Et pourtant, elle trace un sillage lumineux. Elle ne suit pas la tendance, elle suit son regard.
Un regard qui capte un brin d’herbe qui dépasse, une fleur oubliée dans un fossé, une branche qui danse dans le vent.

Chez Matine, les fleurs racontent une histoire. La sienne. Et un peu la nôtre aussi.

Retrouvez Matin sur @unbrinalouest

Atelier privé sur la Côte d’Émeraude – Sur rendez-vous.
Commandes : prévoir 3 jours à l’avance – bouquets cueillis à la main.
Coaching & formations disponibles – ateliers floraux sur mesure.

© Photo portrait @meaphotography

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