Les choix que l’on fait, et ceux qu’on tait.

L’intérieur familial était de même, toujours impeccable. La jolie table du dimanche avec la nappe de l’arrière-grand-mère disposée sans plis, une jolie vaisselle, parfois un bouquet de fleurs. Dans le canapé, les coussins étaient toujours harmonieusement positionnés et à chaque passage sa maman se donnait la peine de les remettre comme ils se devaient d'être. Colette avait conscience de la chance de vivre dans un environnement propre, soigné, qui sentait bon. Ses parents avaient toujours mis du cœur à avoir un intérieur de maison à leur image.

Un beau canapé, des objets méticuleusement choisis, des rideaux assortis…

Parfois, sur un coup de tête, les meubles bougeaient de place et parfois, la couleur du mur était remplacée par une autre. Aujourd’hui, elle fais de même. Ses coussins sont toujours harmonieusement positionnés dans le canapé, les meubles ont été choisis avec soin, sa nappe est toujours impeccablement repassée. Sommes-nous  plus heureux quand notre intérieur est chaleureux ? Est-ce l’inutilité de certains objets qui nous rend heureux ?

Colette a grandi, baigné dans ce style de vie. Celui du beau. Mais s’il n’y avait eu que le beau.

À l’époque — enfin, il y a quelques années — il fallait rester dans les rangs, ne pas faire de vagues, bien travailler à l’école pour décrocher un métier dit « conventionnel ».
Être créatif, c’était bien, mais seulement si cela restait une passion.
La créativité, c’était pour les youyoux, disaient ses parents.
Les métiers manuels ? Pour les moins intelligents.
Il fallait faire des études qui sollicitaient la tête, pas les mains.

Quand Colette avait 12 ou 13 ans, elle s’était aménagé un atelier dans sa chambre.
Elle adorait.
Un chevalet avec des toiles, une machine pour faire de la poterie, des boîtes qu’elle recouvrait de papier peint... Elle créait des objets qui sortaient tout droit de son imagination.
Elle aimait se prendre pour une artiste. Elle aimait cette liberté.

Tous les dimanches, elle allait chez Truffaut, et ses parents lui achetaient un accessoire de plus pour son atelier.
Dès leur retour, elle se lançait dans un nouveau projet

Quand il a fallu se décider à écrire ses vœux post-bac, Colette a choisi la fac de droit.
Rien à voir avec ce que son cœur lui soufflait de faire, mais elle voulait sauver le monde, réduire les inégalités. Elle voulait rendre les gens libres.
Un mois après la rentrée, elle savait déjà, au fond, que cette voie n’était pas la sienne.

Récemment, elle écoutait un épisode du podcast de Lili Barbery Coulon, dans lequel Angèle Ferreux parlait justement du choix de sa voie professionnelle, et de la manière dont elle en était arrivée à créer la Guinguette d’Angèle.

Angèle racontait qu’au moment de faire ce fameux choix d’orientation, sa mère ne lui avait pas demandé :
« Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ? »
mais plutôt :
« Avec qui veux-tu partager ton quotidien, tes pauses déjeuner ? »

Elle trouvait cette question bouleversante de réalité.
Et elle s’est surprise à réfléchir :
Avec qui ai-je envie de partager mon club sandwich ?
Avec qui ai-je envie de parler de tout et de rien autour d’un café un peu tiède, tous les matins ?

Et vous, avec qui avez-vous envie de passer votre pause déjeuner ?

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« Fais attention, Colette ! »